Chronique Sociétale 2023 -2

Les numéros en italiques renvoient aux titres des documents qui seront prochainement publiés sur le site internet de Contrat Social et réservés aux membres de l’association

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Dans le presse, ce trimestre, il n’est presque question que des retraites et de l’Ukraine... Les retraites sont une vieille question pour contrat social . On ne s’y attardera pas inutilement., sauf quand même pour signaler un document du CEVIPOF (un « laboratoire de recherche » de Sciences Po) qui analyse l’état de l’opinion publique sur la question. Quant à l’Ukraine, hélas, il ne se passe pas grand-chose de nouveau, si bien qu’il est difficile de sortir des spéculations. On évoquera tout de même un interview de Hubert Vedrine, ancien ministre des affaire étrangères qui apporte quelques idées nouvelles à propos de « la Paix ». On examinera ainsi successivement quelques nouveautés sur le changement climatique, les menées des écologistes, et, bien sûr, le « Nucléaire », qui revient à la mode. On terminera par quelques considérations sur l’évolution des mœurs et de la société, avec l’intolérance, les changements de genre, etc.. en même temps que sur la généralisation de la concurrence comme solution à tous les problèmes.

L’Ukraine

           En l’absence de toute nouveauté sur le front, un document du Figaro présente les idées d’Hubert Védrine (23-2-1) sur la fin du conflit. Ce vieux routier des négociations internationales, ancien ministre des affaires étrangères de François Mitterrand, n’est pas réjouissant : Il ne faut évidemment pas que la Russie arrive à gagner, mais l’Ukraine ne peut pas gagner, elle non plus … Alors, peut-être, cette affaire se terminera-t-elle comme la guerre de Corée, avec un gel de la ligne de front… Au passage, il note bien sûr la sottise et l’irrationalité de Poutine, mais aussi les erreurs de l’occident, après la chute du mur de Berlin : Comme le dit Emmanuel Macron, il n'aurait pas fallu, à cette époque, humilier la Russie…

Les retraites

              Tout a été dit sur les aspect technique du sujet. Nous n’y reviendrons pas… En revanche, il faut ici signaler une très intéressante étude sur l’opinion publique en la matière.

              De fait, les gigantesques manifestations observées récemment montre bien que l’opinion n’est pas favorable aux projets actuels en la matière. Les sondages le confirment. Mais il est aussi clair que le mécontentement va bien au-delà de la simple réforme des retraites. C’est ce que montre Luc Rouband dans la revue d’histoire Hérodote (23-2-2). Pour le montrer, l’auteur ne se contente pas de s’appuyer sur des enquêtes sociologiques récentes. Il convoque toute l’histoire des grands mouvements révolutionnaires en France pour montrer comment ceux-ci, apparemment provoqués par de « petites choses » , reflétaient en réalité des déséquilibres profonds de la société d’alors. La contestation des retraites aujourd’hui ne reflète pas une véritable opposition à une réforme probablement nécessaire, mais bien plutôt une insatisfaction vis-à-vis du statut du travail dans notre pays. Le travail est de plus en plus encadré, le travailleur (qu’il soit « cadre » ou « manuel ») privé d’initiative. Le confinement du au COVID n’a pas arrangé les choses, en imbriquant les univers professionnels et familiaux. Dès lors, la retraite est vue comme une libération de cet environnement étouffant, et cela explique l’ampleur de la contestation.

Celle-ci, en outre, se nourrit de l’impression que les dirigeants « ne sont pas à la hauteur », comme en Mai 68, mais aussi en Juin 1848,ou en octobre 1789…

On pourra évidemment discuter une telle interprétation, mais la lecture de ce document ouvre quand même des perspectives originales, qui alimentent la réflexion….

Le climat

Le changement climatique fait évidemment partie des sujets permanent de notre société. Le moindre coup de vent est la preuve évidente du réchauffement, et l’annonce de catastrophes à venir. Plusieurs articles récemment parus méritent quelques commentaires.

Commençons par la mauvaise foi et la désinformation du Huffpost (23-2-3). Sous la plume de Maëlle Roudaut, ce périodique associé au Monde publie une charge vigoureuse contre la compagnie Exxon, qui avait parfaitement prévu en 2015 l’évolution du climat jusqu’en 2022, et n’en avait rien dit, ce qui montre bien la mauvaise foi de ses dirigeants... Sauf que, d’abord, les chercheurs de chez Exxon avaient préparé 16 scénarios, de sorte qu’il eut été surprenant que l’un d’eux au moins se soit rapproché de la réalité, sachant en outre que, tout de même, le climat n’a pas évolué de manière massive entre 2015 et 2022... Ensuite, en 2015, la question était sur le tapis depuis pas mal d’années, de sorte que les travaux en question n’étaient pas des révélations. Enfin, rien n’obligeait Exxon à financer un groupe de chercheurs sur le réchauffement climatique, sinon, peut être justement, un certain sens de ses responsabilités. Cet article est cependant une bonne illustration de la mauvaise foi avec laquelle certains journalistes s’efforcent de détruire des entreprises parfaitement respectables.

Plus sérieux est un long (trop long !) document publié par Remy Prudhomme dans Commentaire (23-2-3) sur la notion de « croissance verte » mise en avant par les « écologistes » pour justifier les dépenses en faveur de l’environnement. Après tout, disent en effet les « écolos », changer de techniques pour favoriser l’environnement va provoquer une vague de croissance au XXIème siècle semblable à celle que l’on a connu au XIXème lorsqu’on a changé la traction animale pour la machine à vapeur… L’auteur s’insurge contre ce raisonnement simpliste : Les techniques mises en œuvre au cours des 19ème et 20ème siècles - techniques qui ont entraîné une croissance économiques fantastique et une augmentation fabuleuse du bien-être général - ces techniques étaient toutes nouvelles en leur temps, alors que les solutions envisagées pour maintenir la Nature et lutter contre le réchauffement climatique consistent surtout à interdire la nouveauté et à revenir à des recettes anciennes. Dans ces conditions, dit l’auteur, la « croissance verte » relève de l’escroquerie intellectuelle, et ne produira aucune croissance réelle, sauf à prendre en compte les bénéfices - dans un avenir lointain et incertain - d’avoir évité des catastrophes dont la réalité n’est pas formellement démontrée.

Enfin, mentionnons un article de André Heitz dans Contrepoint (23 – 2- 4)qui signale une (inquiétante !) monté du « climato scepticisme » en France. En fait, il ne s’agit que d’un décompte de messages sur Twitter, où en effet, se manifeste semble-il une certaine activité contre les mesures visant à diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Mais comme le fait remarquer l’auteur, d’abord, « Twitter n’est pas la France ». Ensuite, sans nier l’existence du réchauffement, on peut, comme de nombreux scientifiques tels que Steven Koonin ou Vincent Courtillot, être sceptique sur l’origine humaine du phénomène. Et cela conduit évidemment au scepticisme sur le résultat des mesures envisagées pour le diminuer...

L’écologie

Ce qui vient d’être dit sur le « climat » s’étend mutatis mutandis au sujet plus large de l’écologie.

Le Huffpost (toujours lui ! ) s’attaque aux changements observables dans la forêt amazonienne (23 – 2 - 5) . Prenons garde, dit l’auteur Sarafina Spautz : même sans défrichement total, une mise en culture partielle va changer les équilibres entre espèces végétales ou animales dans ce joyau de la biodiversité. On ne peut que l’approuver. Cependant, est-ce une catastrophe ? Ce serait le cas si la forêt amazonienne était le siège d’un équilibre intemporel, sans changement depuis des millénaires, équilibre par ailleurs indispensable à la survie de l’humanité…. Mais rien n’est plus faux : ce type de « biotope » est le siège de changements permanents qui font que, de toutes façons, la forêt ne sera plus semblable à elle-même d’ici quelques dizaines ou centaines d’années… Que la mise en culture accélère les choses (et réoriente les changements) n’est pas niable. Mais pourquoi pas si cela conduit à une amélioration pour l’espèce humaine, ou, tout au moins, pour certains de ses individus ?

A rebrousse-poil, Serge Kafadaroff dans Atlantico ( 23-2-6) s’ insurge contre les « mensonges » autour du glyphosate. Le glyphosate est un produit chimique herbicide, qui a la propriété de tuer la plupart des plantes indésirables dans un champ. Or – contrairement à ce que l’on croit généralement – la principale tâche d’un agriculteur n’est pas de « faire pousser » telle ou telle plante, mais bien plutôt d’empêcher la pousse des plantes non désirées, qui privent de ressources celles que l’on veut garder. C’est pourquoi le glyphosate était tout récemment largement employé non seulement par les agriculteurs (pour qui il économisait beaucoup de travail et de carburant) mais aussi par des entreprises comme la SNCF, pour désherber les voies ..

Cependant, le glyphosate a été classé comme « cancérigène probable » par certaines agences de celles chargées de veiller à la protection de la santé. « Cancérigène probable » est une étiquette attachée à beaucoup de produits d’usage courant, tel la viande rouge… Mais le glyphosate possède une autre caractéristique : pour qu’il n’ait pas d’effet sur les plantes cultivées, il faut que celle-ci disposent, dans leur patrimoine génétique, de certains gènes dits « de résistance ». La plupart des plantes cultivées n’en ont pas. Pour pouvoir utiliser le glyphosate, il faut donc que les cultures sur lesquelles on l’utilise soient pourvu de ce gène, ce que l’on obtient grâce aux techniques de « transfert de gène » - autrement dit, toutes les plantes sur lesquelles on peut utiliser du glyphosate sont dites « OGM » (« Organismes Génétiquement Modifiés ») . Bien évidemment, l’association des mots « cancérigène » et « OGM » sont de nature à provoquer des réflexes pavloviens très négatifs, et c’est pourquoi le glyphosate est maintenant interdit en agriculture…

Kafadaroff s’élève à la fois contre cette interdiction, et contre les « mensonges » sur lesquels elle repose : s’il est impossible d’affirmer qu’aucun OGM n’aura jamais d’effets négatifs à l’avenir, on peut cependant observer que ceux qui sont en service dans le monde depuis 20 ou 30 ans n’en ont aucun… Et pour ce qui est des « cancérigènes probables », s’il est de fait que s’il n’est sans doute pas recommandé de boire une tasse de ce produit tous les matins au petit déjeuner, il est tout aussi certain que les doses résiduelles observées ne peuvent en aucun cas avoir d’effet négatifs.

Cette affaire montre la difficulté pour les administrations de prendre des décisions pertinentes dans des matières aussi complexes… Et c’est pour cela que Frédéric Peltier, dans Contrepoint (23-2-7), s’insurge, lui, contre l’excès de normes, incompréhensibles de surcroit.

Le nucléaire

L’attitude des Français (et surtout de la politique française) vis à vis du nucléaire a complètement changé avec la guerre en Ukraine. La politique nucléaire ambitieuse de la France avait suscité un grand enthousiasme à l’époque du Président Giscard d’Estaing. Mais cet engouement s’était atténué, au point que les présidents successifs, après 1981, pour répondre aux souhaits de l’opinion publique, sans revenir complètement en arrière, s’employaient à détricoter tout doucement l’œuvre de leur prédécesseur. La guerre en Ukraine, qui met en évidence notre dépendance à des sources d’énergie fossile sur lesquels nous n’avons pas d’autorité, a rebattu les cartes, et le nucléaire est relancé...

Il n’en demeure pas moins que les dangers, réels ou supposés, associés à la chose existent bien toujours : qu’un incident sérieux vienne à se produire, et cette nouvelle politique énergétique pourrait bien se retrouver condamnée à nouveau - et de manière ruineuse ! C’est la préoccupation de Antoine de Ravignan dans Alternatives économiques (23_2-8). De fait, afin d’accélérer la mise en place de nouveaux réacteurs, il été décidé de fusionner deux administrations indépendantes, à savoir l’Autorité de Sureté Nucléaire (ASN) et l’Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire (IRSN). Cette fusion est a première vue logique : pourquoi avoir deux institutions différentes sur le même sujet ? Mais en fait, il s’agissait plutôt de deux organismes complémentaires : l’IRSN était « la voix de la Science », tandis que l’ASN était une gestionnaire. Dans ces conditions, il est permis de craindre que la quasi-disparition des savoirs de l’IRSN conduise à un relâchement de la surveillance, et donc à un risque accru d’accident. Du moins est-ce la conclusion qu’en tire Antoine de Ravignan.

D’un autre côté, on peut aussi penser que l’un des handicaps de l’industrie nucléaire française était justement un excès de contrôle et d’exigence diverses qui n’apportaient rien à la sécurité tout en créant des retards dramatiques dans le quotidien des constructeurs, comme par exemple à Flamanville. C’est sans doute cette idée qui a été à l’origine de cette réforme administrative. L’avenir dira si elle était ou non justifiée.

L’enseignement

Voici bien longtemps que la presse se penche sur les mauvais résultats des élèves français dans le classement PISA. PISA est l’acronyme de : « Programme for International Student Achievement », un organisme international qui publie régulièrement des comparaisons internationales entre les niveaux des élèves dans les différents pays du monde.

Dans les classements PISA, les élèves français brillent en général par leurs mauvais résultats. Dans The Conversation deux chercheurs français, Nadir Altinok et Claude Diebolt reprennent les classements PISA sur le long terme (23-2-12). Ils observent ainsi que, contrairement à une idée reçue, les niveaux français, certes très bas, auraient eu plutôt tendance à remonter dans les années 1970-2000, puis à nouveau s’effondrer par la suite... Cela peut remettre en cause pas mal d’idées reçues en matière pédagogique, car beaucoup de gens rendaient « l’idéologie post 1968 » responsable de cette situation.

Il demeure que ces mauvais classements sont inquiétants à plus d’un titre, et que, probablement, les fantasmes idéologiques de beaucoup d’inspecteurs généraux, qui refusent toute compétition, en sont largement responsable. Mais il y a aussi la perte de prestige des enseignants : dans les années 1930, un professeur de lycée dans une ville de province était « un personnage ». Aujourd’hui, c’est un moins que rien, dont le salaire est à peine supérieur au SMIC...Il y a là un problème dont peut être Contrat Social devrait se saisir...

Une autre illustration de ce même problème est fournie par André Garçon dans Atlantico (23-2-13) à propos de l’interdiction de ChatGPT à Sciences Po. ChatGPT est un logiciel d’exploration d’internet, qui, interrogé avec des mots clés, répond avec « des phrases » qui donnent l’impression d’avoir été écrites par un être humain. Naturellement, un tel résultat est souvent fascinant, même si, bien évidemment, il convient de s’en méfier, car, après tout, il ne s’agit que d’une compilation (peut être orientée ? ) de tout ce qui traine sur Internet...

C’est pour cette raison sans doute que la direction de Sciences Po a voulu interdire l’usage de cet outil. Mais est-ce par une interdiction de ce genre que l’on corrigera les mauvaises idées des étudiants de Sciences-Po ? Il est probable que non : Il n’y a pas de bonne réponse à une mauvaise question, si bien que, ChatGPT ou non, les étudiants ne s’enrichiront pas intellectuellement en cherchant des réponses aux types de questions auxquelles pourrait répondre ce logiciel. Il est donc probable que, bien loin d’être un « concurrent » des enseignements dans cette école, ChatGPT en sera bien plutôt à l’origine d’un approfondissement majeur, en rendant inutile le « bla-bla » habituel, pour aller au fond des choses vers un réel approfondissement...

Enfin, bien sûr, il est aussi probable que le retour à un enseignement plus exigeant peut conduire à favoriser des « dynasties » : Ainsi Stéphane Gollier, dans The Conversation (23-2-11) vérifie-t-il que le fait d’être « enfant de diplômé » donne 80% plus de chances d’entrer à Polytechnique que d’être issu d’une famille modeste…et cela conduit évidemment, dit l’auteur, à la création d’une sorte de noblesse cachée…

C’est probablement exact. On verra s’il y aura lieu de décapiter quelques éléments de cette engeance comme on a fait au début de la République… En attendant, après tout, les anciens polytechniciens sont souvent des cadres de qualité … alors pourquoi s’en priverait-on ?

L’économie

Peu de choses à dire, ce trimestre, sur l’économie, complètement occultée dans les médias par la réforme des retraites....

Justement sur ce dernier point, on pourra citer un article de Jean-Yves Juban et de Isabelle Salmon dans The conversation (23-2-14) qui prend la défense des éboueurs -plus particulièrement les « rappeurs » - ceux qui marchent derrière le camion, et y vident effectivement les poubelles- dont le travail est très pénible physiquement. Après une invraisemblable carrière à parcourir chaque jour une quarantaine de km, ceux-ci sont évidemment usés au moment de prendre leur retraite. Pour ceux-là, ne pourrait-t-on pas permettre le départ beaucoup plus jeune ?

De fait, à propos de cette loi sur les retraites, il semble qu’il y ait une confusion dans l’opinion publique : on croit que la retraite à 64 ans, c’est pour tout le monde. Or il y a beaucoup d’exceptions, à commencer par les adjudants chef dans l’armée qui partent (ou partaient de mon temps !) à 35 ans… Il est vrai qu’un adjudant-chef, à 35 ans, n’est pas vraiment mis à la retraite : il doit encore travailler de longues années avant de toucher sa pension. Mais on considère qu’à cet âge, il est trop vieux pour effectuer une mission de combat, et qu’il lui faut par conséquent trouver un autre travail plus calme… Pourquoi n’en serait-il pas de même pour les « éboueurs » ?

Plus généralement, serait-il toujours impossible de trouver un moyen de permettre à une personne d’un certain âge de faire profiter la collectivité de ses talents et de son expérience, sans pour autant se ruiner la santé ? Il semble que cet aspect des choses ait été bien à tort gommé des débats récents sur la retraite !

On notera aussi un document d’Alternatives économiques (2-23-15) dans lequel Alain Grimaud s’interroge sur la question de savoir « pourquoi les transports urbains patinent ». De fait, en même temps que la fréquentation baisse, il est de plus en plus difficile de recruter des conducteurs de métro ou des chauffeurs d’autobus. La « concurrence » permettra-t-elle de résoudre ce problème ?

En vérité, la concurrence dans ce type d’activité semble une absurdité : il s’agit de « monopoles naturels » (comme, du reste, pour presque tous les transports). On ne peut guère imaginer personne attendre le bus bleu quand passe le bus jaune… Dans ces conditions, volens nolens, si l’on veut éviter les profits de monopole, il faut que ce type d’activité soit le fait de monopoles publics…

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Pour finir, nous reviendrons à la problématique de « l’intelligence artificielle » évoqué par Adrien Tallent dans The Conversation (2-23- 16).

En fait, il ne s’agit pas tellement de l’intelligence artificielle (un mot qui ne signifie rien ou pas grand-chose) , mais bien plutôt de « l’ exploration de donnés », qui engendre selon l’auteur un « changement de contrat social à bas bruit ». Une telle perspective pourrait épouvanter les membres de notre association. Mais ces craintes sont-elles justifiées ?

De fait, dans le monde moderne, les grandes sociétés qui ont intérêt (autant que n’importe quel petit commerçant !) à connaitre les besoins de leur clientèle sont prêtes à acheter les données collectées par les « serveurs » - ces ordinateurs de grande puissance qui hébergent les « sites internet » - afin de s’en servir pour recommander l’achat de leurs produits à tous les clients potentiels. Et la formidable puissance des ordinateurs modernes leurs permet de traiter à cette fin des millions et même des milliards d’informations.

Les gouvernements et les autorités de toutes sorte en font autant. D’où l’idée d’une transformation du capitalisme qui devient un « capitalisme de surveillance », capable de manipuler l’opinion en utilisant de savants algorithmes susceptibles de susciter des « réflexes pavloviens » chez les électeurs, avec des conséquences que l’on peut craindre néfastes pour la démocratie …

Il est tout de même permis d’être sceptique. Sur le plan commercial, si ces stocks de données étaient aussi performant qu’on le dit, et traités par des robots à l’intelligence aiguisée, on ne recevrait que des publicités « utiles », à propos d’objets que nous pouvons réellement songer à acheter. Ce n’est certes pas le cas ! Nous sommes sans cesse sollicité pour acheter des objets qui n’ont pas de sens dans notre cas particulier. De ce point de vue, il y a encore beaucoup à faire pour améliorer le système !

Sur le plan politique, il est vrai que l’abondance et surtout le traitement de l’information sont théoriquement de nature à biaiser les opinions. Comme le montrent les « réseaux sociaux », en répétant des milliers de fois la même information fausse, on finit par convaincre les citoyens qu’elle est vraie. Mais ce n’est pas l’abondance de l’information qui est en cause ici, c’est sa mauvaise utilisation. De ce point de vue, une des tares les plus préoccupantes de notre époque est sans doute le manque d’esprit critique vis à vis des sources utilisées par les citoyens pour se faire une opinion.

Et tout cela justifie finalement complètement l’activité de Contrat Social !

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