Chronique Sociétale 20 _ 3


Contrat Social

Chronique Sociétale 2020 - 3


Cette Chronique arrive avec retard, à cause de tous les bouleversements de calendrier liés au coronavirus. L’auteur à ce propos demande votre indulgence ! Pourtant, en dépit de ce retard ; elle n’est pas aussi dépourvue de matière que la précédente.

D’abord, évidemment, il nous faut avoir une pensée pour Alain de Vulpian. Dès l’annonce de son décès, Jacques Lefèvre a publié quelques mots de condoléances sur le site de Contrat Social : il est donc inutile d’y revenir ici. Mais pensons y !

Par ailleurs, et dans autre ordre d’idée, il nous faut aussi avoir une pensée pour Marcel Gauchet, qui vient d’arrêter la publication de la revue Le Débat. Puis nous reviendrons sur l’inévitable COVID, sur lequel tout (ou presque) a été dit, si bien que nous ne nous y attarderons pas. Ensuite, nous aborderons les questions proprement économiques : les retraites, la fourniture d’énergie, et l’ambiance économique générale.... ;Dans la même ligne, nous continuerons avec les discussions sur le changement climatique, l’éducation, et nous terminerons par quelques mots de théologie.Enfin, nous nous interrogerons sur les conséquences de tout cela sur la société dans son ensemble, avec en particulier une évocation de l’ « happymorphose » - hélas, la dernière contribution d’Alain de Vulpian à nos activités - , ainsi que des phénomènes bureaucratiques...

La fin du Débat

C’était le titre d’un périodique original, qui acceptait des contributions de tous les bords, pourvu qu’elles aient une certaine tenue. Après 280 numéros depuis 1980, cette revue cesse de paraître, à l’initiative de Marcel Gauchet, son créateur. La totalité des articles publiés est disponible sur le site : http://le-debat.gallimard.fr/ . Vraisemblablement, les recettes ne permettaient pas de couvrir les coûts. Mais cette suppression est aussi l’indice d’un défaut majeur de notre société, celui de préférer la « langue de bois » prédigérée sur les réseaux sociaux à tout effort de réelle créativité... Nous aurons l’occasion de rencontrer ce problème ci-dessous...

Le coronavirus

On en parle toujours et plus que jamais, les uns avec des remèdes plus ou moins miracles, les autres se penchant sur les conséquences à long terme, en particulier sur les retraites. Les deux aspects ont été abordés par les membres de Contrat Social.

Les débats sur le virus et les moyens de le contrecarrer

Jean-Marc Boussard propose un article, publié dans la revue Contepoint, d’un professeur de cardiologie ( donc peu légitime en virologie, ce qui n’interdit pas de penser qu’il dispose d’une culture scientifique significative ) effrayé par la médiocrité du débat sur le covid. Voici une maladie nouvelle, dont on ne connaît presque rien. Et cependant, il existe une foule d’experts prétentieux qui décident de tout, et surveillent le moindre de nos gestes sur la base d’une terreur qu’ils contribuent largement à répandre. Le procédé pour éliminer d’éventuels concurrents consiste à les intimider avec des mots qui tuent ( « Aucun médicament ne peut être accepté sans essai randomisé » c’est définitif, d’autant que peu de gens savent ce que c’est que la « randomisation » ! Mais a-t-on fait des essais randomisés pour décider du port du masque ? ). Et tout cela sans crainte de se contredire à quelques semaines d’intervalle, comme le montre l’affaire du masque, d’abord inutile, puis obligatoire...

Tout ceci n’est pas à l’honneur du corps médical, tant français qu’étranger : car c’est la même chose presque partout ailleurs, à l’exception peut être de la Suède et de quelques pays asiatiques, comme la Corée du sud (mais le voyage doit être trop coûteux pour qu’on aille voir comment ils s’y prennent !). Il y a là un phénomène assez inquiétant de mondialisation malheureuse !

Et il y a malheureusement des raisons de penser que le mal, ici, n’est pas spécifiquement français : Jacques Lefèvre nous signale un article paru dans le New-York Intelligencer qui fait état de la mise au point d’un vaccin dès le 13 janvier 2020. Sans doute, à cette date, il n’y avait pas eu d’essais cliniques, de sorte qu’il aura été sage de ne pas le claironner... Mais n’aurait-t-on pu prendre quelques libertées avec les réglements internationaux, et accèlérer le processus de mise en marché ? Au lieu de cela, dans presque tous les pays, la seule parade envisagée aura été de déployer contre le virus une « ligne Maginot » à base de masques et de confinement. On sait pourtant bien depuis plus d’une génération que les lignes Maginot sont généralement tournées par l’enemi...

Le covid et l’Afrique

Il y a cependant des exceptions. Nous venons d’évoquer la Suède et la Corée du sud. Mais le cas le plus surprenant est celui de l’Afrique, où le virus semble réellement moins dangereux qu’ailleurs, si l’on en croit les statistiques, alors même que le continent est largement dépourvu de structures médicales adéquates.

Cela a donné lieu à un échange de mails entre Jean-Marc Boussard (JMB) et Jean-Claude Angoulvant (JCA). Le premier attribue cette situation au fait qu’en Afrique, les riches n’ont pas besoin des pauvres. Ces derniers vivent en auto-suffisance sans beaucoup de contact avec des urbains, et donc, ils ne se contaminent pas, cependant que les riches, dans les villes ont un taux de contamination « normal ». JCA objecte que les urbains constituent plus de 50% de la population africaine, avec un énorme taux de pauvreté dans des faubourgs sordides où la promiscuité est la règle. JMB répond que l’immunité de 50% de la population conduirait tout de même à diviser par 2 l’incidence de l’épidémie, mais admet que son explication se discute...D’autres, comme Laurence Caramel dans Le Monde, remarquent que la fameuse chloroquine du professeur Raoult est largement utilisée en Afrique contre le paludisme : coïncidence ou causalité ?

L’économie

Le virus et l’économie

Naturellement, l’une des conséquences évidentes de l’épidémie sera une crise économique dont, peut être, nous ne soupçonnons pas l’ampleur.

Pendant six mois, et bientôt un an, d’innombrables entreprises auront été fermées, ou, en tout cas, auront vécu au ralenti, pendant que les frais fixes continuaient à être décomptés... Un verbatim de François Cornevin résume un document de Patrick Artus et Olivier Pastré sur cette question :
- Cette crise de l’offre sera entièrement différentes des précédentes crises de demande
- Les effets politiques et géopolitiques en seront importants, car il faut s’attendre à une explosion des faillites, aggravées par les conflits sociaux

Mais comment faire pour en sortir, ou, du moins, l’atténuer ?

-Le télétravail est une idée intéressante, mais non généralisable (comment mettre en télétravail un éboueur ou un agent de maintenance ?).
-Revoir les réglementations bancaires, tout en évitant de soutenir les « canards boiteux » (pour financer une entreprise, il faut qu’elle soit en crise de liquidité, pas de solvabilité).
-Accélérer la formation professionnelle et changer l’éducation (les « jeunes » seront les grandes victimes )...
-Adapter le principe de précaution (derrière lequel s’abritent des « politiques » affolés à l’idée de se retrouver devant un tribunal pour l’avoir prétendument négligé).
- Créer un revenu universel
- Réformer les retraites, en particulier en empêchant tout départ avant 65 ans..

En revanche, on est un peu surpris des propositions de relever la taxe carbone, ou de créer un partenariat Etat-entreprise, sur le modèle du METI au Japon... Mais chacune de ces idées mériterait un volume entier...

Les retraites

A priori, cette épidémie qui cible principalement les « vieux » devrait être providentielle pour les caisses de retraites : Elles sont à l’heure actuelle plombées par l’accroissement de l’espérance de vie, qui augmente la durée pendant laquelle il faut servir les pensions sans augmenter parallèlement les cotisations. L’accroissement de la mortalité liée au virus devrait les aider... Cependant, il ne semble pas que la diminution de l’espérance de vie liée au Covid soit suffisante pour cela...

D’abord, et indépendamment du Covid, Jean-Claude Angoulevant (JCA...)signale une surprenante baisse sinon de l’espérance de vie elle même, du moins de son allongement chez les personnes nées entre 1941 et 1955. C’est une rupture, due sans doute à une multitude de causes, au nombre desquelles il faut sans doute mettre l’alcoolisme et les accidents de la route. Et cela sans doute aussi relativise un peu les spéculations exagérées sur les conséquences du coronavirus. Aussi bien, au regard des pandémies passées, ce virus est « peu dangereux ». Ce n’est pas de nature à améliorer la situation des caisses de retraite...

En tout état de cause, le même JCA nous propose une note du COR ( comité d’orientation des retraites) qui fait un point très précis et très savant sur la difficulté de mesurer correctement le nombre de décès dus au virus, et présente les résultats -comparables - des estimations les plus sérieuses. Il en ressort que les conséquences à long terme de l’épidémie sur la mortalité et les régimes de retraite sont finalement plus difficiles à prévoir que beaucoup de gens l’imaginent. De toute façon, si rien ne change, l’augmentation réelle nette des décès prévus pour 2020 serait de l’ordre de 0,15 % seulement , (parce que beaucoup des victimes du Covid seraient mortes de toutes façon...). Cela n’est pas suffisant pour rééquilibrer les systèmes de retraite .... .

Mais dans le même temps, un domaine de réflexion ignoré (à tort !) dans les discussions actuelle est celui de l’augmentation qui semble inéluctable du « poids des vieux » dans le système de distribution des revenus, ce que JCA appelle « l’effet nouveau pélican » (il fait par là allusion à un poème de Musset : le pélican qui n’a rien trouvé à pêcher, se sacrifie pour sa progéniture, en lui laissant manger ses entrailles. Maintenant, c’est juste le contraire : ce sont les jeunes qui bientôt seront sacrifiés au profit des « vieux » dont l’espérance de vie augmente et qui restent donc de plus en plus longtemps à la charge des véritables travailleurs .).



La qualité des relations dans l’entreprise

Reste, dans toute cette crise, un aspect rarement évoqué que nous signale Patrick Nodé-Langlois : Les licenciements massifs, qui seront de toute façon inévitables, peuvent prendre différentes formes : parfois guerre contre les directions dans le style « lutte des classes » ou, au contraire, collaboration permettant finalement de limiter les dégâts. De ce point de vue, le cas de Daher - un fabricant de pièces détachées pour l’aéronautique - évoqué par L’Usine Nouvelle mérite qu’on s’y arrête : grâce à une coopération efficace syndicats/direction, axé sur la recherche de solution individuelles pour chaque membre du personnel, le nombre de licenciements prévus passe de 1300 à 650, et surtout, tout le monde est « recasé ». Il est dommage que L’Usine Nouvelle ne donne pas plus de détails sur le devenir effectif des différents cas individuels : on reste à se demander si nous sommes devant un cas d’école à méditer ou un nouveau conte de Noël....

énergie et climat

Pour sortir (enfin !) du Covid, intéressons nous maintenant à l’énergie et au climat....

L’hydrogène

Tiré d’une revue plutot confidentielle, Etonnante époque, un verbatim de F. Cornevin fait l’apologie de l’hydrogène comme source d’énergie. En fait, comme chacun sait, l’hydrogène n’est pas une source d’énergie « primaire » : d’importantes quantités d’énergie sont nécessaires pour le fabriquer, soit par électrolyse de l’eau, soit en cassant les molécules de méthane issues du « gaz naturel ». Cependant, si l’énergie nécessaire est obtenue par des méthodes « propres » (éoliennes, panneau solaire, ou nucléaire), alors son utilisation par combustion ou génération d’électricité dans une « pile à combustible » peut devenir une source d’énergie elle même « propre »...L’hydrogène permet même alors de stocker l’électricité produite « en trop » pendant les heures creuses par les éoliennes ou les centrales nucléaires, pour la remettre sur les réseaux aux heures de pointe..

Cela dit, ce n’est pas une mince affaire que de manipuler de l’hydrogène sous pression à basse température, tout en veillant aux fuites susceptibles de provoquer de gigantesques explosions. C’est pourquoi beaucoup de gens sont réservés vis à vis de cette solution. Ainsi, le PDG de Total confiait-il à notre ami Jean Myard qu’il n’y croyait pas... Et pourtant, pas mal de « start-up » se développent dans cette direction...et J.C . Angulo nous dit que le PDG de Total pourrait avoir changé d’avis ...

Le climat

Les discussions sur les relations entre les activité humaines et le réchauffement climatique ne datent pas d’hier, et sont peu de chose, en fait de violence, par rapport à celles qui concernent le Covid. Pourtant, elles pourraient être plus importantes pour l’avenir de l’humanité, car c’est de cela qu’il s’agit. Ce trimestre, deux contributions aux discussions de Contrat Social sur le sujet ont été proposées par J.C. Angoulvant :

D’abord, un brûlot d’une « association des climato-réalistes » qui s’oppose à une décision du Conseil d’état, parce que celle ci somme le gouvernement de respecter les engagements qu’il a pris sur la limitation des émissions de GES (gaz à effet de serre). Les réactions au sein de Contrat Social ont été contradictoires : les uns ne voient pas pourquoi on reprocherait au Conseil d’état de rappeler ses engagements au gouvernement : il est ici dans son rôle ! D’autres au contraire déplorent que le Conseil se comporte ici comme un parlement d’ancien régime, une attitude qui, en outre, témoigne de la faiblesse de l’exécutif dans notre pays... ...

Mais ensuite, et pour appuyer son propos, l’association des climato-réalistes produit le manuscrit d’un article destiné à une revue scientifique, et ce travail est assez intéressant : il explique que la teneur de l’atmosphère en CO2 est gouvernée par deux phénomènes : d’un côté, les eaux froides de l’océan au voisinage des pôles relâchent du gaz carbonique, tandis que les eaux chaudes autour de l’équateur en dissolvent. Dès lors, la teneur moyenne de l’atmosphère dépend des activités respectives de ces deux mécanismes antagonistes, et les émissions anthropiques ne comptent pas pour grand chose. Les auteur en donnent pour preuve des analyses très professionnelles de séries statistiques longues (elle commencent en 1880) qui montrent que la corrélation entre la teneur de l’atmosphère en CO2 et les émissions anthropique, si elle existe en effet, est « spurious » : c’est un artefact issu du fait que les deux phénomènes sont liés au temps qui passe, et qui n’a donc absolument aucune signification de causalité.

Bien évidemment, pas plus qu’une hirondelle ne fait le printemps, un tel article ne pourra sans doute changer les idées des acteurs (ils sont nombreux) du « climato-business ». Ce sera cependant une pièce à verser au dossier, car ce ne serait pas la première fois qu’une idée juste aurait été écartée par l’ « établissement » : pensons à Galilée, ou même à Pasteur, traîné en justice par Clémenceau !

L’approvisionnemt en énergie électrique

En lien direct et concret avec ce qui précède, la question de l’approvisionnement de notre pays en électricité se pose depuis, en particulier, le fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, et alors que celle de Flamanville n’est pas encore opérationnelle.

Le problème est spécifique à l’énergie électrique : avec le pétrole ou le charbon, on peut toujours faire des stocks, réduire la demande, etc..., si bien que la pénurie est progressive, et que l’on peut s’adapter. Avec l’électricité, il n’en va pas de même : si la demande excède l’offre pendant plus de quelques secondes, le système disjoncte, puis doit être remis en marche progressivement, dans un processus qui dure plusieurs heures, sinon plusieurs jours... C’est pourquoi le gestionnaire immédiat du réseau est appelé l’ « équilibriste » et doit avoir sous la main tout ce qu’il faut pour pallier à toute insuffisance de l’offre. La solution, lorsqu’une telle situation se profile, est de remettre en marche les centrales arrêtées les plus polluantes...

Or cette année, toutes les prévisions convergent vers l’idée que nous serons en France sur la corde raide ... il ne reste plus qu’à espérer qu’elle ne cassera pas, faute de quoi nous pourrions avoir encore un choc économique bien inutile après celui du Covid !

Religion et éducation

Blanquer, l’Attila de l’école

Sous ce titre un peu provocateur paraît l’ouvrage d’un de nos membres, Pascal Bouchard, (par ailleurs l’un des fondateurs de ToutEduc). Aussi bien, le véritable Attila était-il beaucoup moins méchant qu’on ne le dit, ayant été élevé à la cour de Byzance, et courtisant les princesses grecques... Mais ici, on lui fait porter le chapeau d’une « éducation nationale » dévorée par la bureaucratie, l’élitisme, et les conseillers pseudo-scientifiques sortis de leur domaine de compétence. En fait, il n’y a rien de vraiment nouveau dans la situation actuelle, mais elle n’est pas bonne et le Ministre a raison de le dire...

Panorama des laïcités en Europe

A partir d’un document de la COMALACE (Contribution des Obédiences Maçonniques Libérales et A-dogmatiques à la Construction Européenne) , Jean Bernard Mouttet-Fortis nous propose un verbatim sur le notion de laïcité, et la façon dont elle est mise en œuvre dans les différents pays européens.

Si tout le monde s’accorde sur les idées de liberté de conscience, de non-discrimination, et de neutralité de l’état, la mise en œuvre de ces principes en Europe diffère beaucoup d’un pays à l’autre, depuis Malte où le catholicisme a le statut de « religion d’ état » jusqu’à la France où, au terme de la Loi de 1905, « la République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte » (ce n’est du reste pas vrai, puisque, depuis la fin de la première guerre mondiale, le clergé catholique, protestant ou juif d’Alsace Lorraine est payé par le Ministère de l’Intérieur sans parler des subventions à diverses associations liées à l’église catholique ou au culte musulman ). Tous les intermédiaires se rencontrent entre ces deux situation extrêmes.

Tout ceci est intéressant sur le plan documentaire, mais n’est pas tellement nouveau. Le sujet, toute fois, est remis au goût du jour par la question du « blasphème » - la mise en dérision publique d’un aspect essentiel d’une religion. Aux yeux de certains, le blasphème devrait être autorisé, au nom de la liberté de parole. D’autres au contraire estiment qu’il faut l’interdire au nom de la charité, parce qu’il constitue une vraie souffrance pour les fidèles de la religion qu’il cible. L’une ou l’autre de ces deux opinions prendra-t- elle le dessus ? les dés sont jetés.... En tout cas, ni la charité ni la souffrance n’autorisent à égorger quiconque, que ce soit l’auteur d’un blasphème, ou celui qui l’a évoqué...

Le cas des états Unis

Indépendamment de ce qui précède, le cas des états Unis mérite une mention spéciale, apportée par un extrait (proposé par Jean-Claude Angoulvant) d’un interview de Joseph Bottum dans Le Figaro. Ce pays était jusqu’à une date relativement récente l’héritier des presbytériens chassés d’Angleterre par les persécutions successives. Or l’église presbytérienne y est en voie d’effondrement, un peu comme l’église catholique en France. Mais l’esprit des pères fondateurs presbytériens demeure : certes, les gens ne croient plus en Dieu, et ne veulent plus de l’église traditionnelle, mais ils veulent être des « gens biens », respectueux de la Planète, des traditions, et de beaucoup d’autre choses. Et ils tiennent beaucoup à ce que les autres soient comme eux, volens nolens. Finalement, les Wokes (comme ils s’appellent) sont des puritains sans Dieu...

Ceci n’est pas sans conséquences politiques, dont le « Trumpisme ». Cet extrait, difficile à résumer, apporte beaucoup de clés pour comprendre les résultats de la dernière élection, et les mutations de la société américaine...

Société

Pour finir, cinq documents proposés ce trimestre à Contrat Social, mais difficiles à classer dans l’une des catégories précédentes. Deux sont « classiques » : un verbatim de J.C. Angoulvant, à propos des effets du « télé-travail » sur les entreprises et leur personnel, un autre de François Cornevin qui résume un livre de Nicolas Baverez à propos du « populisme ».

Les trois suivant, au contraire, sont assez provocants, comme on le verra...

Les effets du « télé-travail »

Avec un ordinateur et un accès internet, on peut maintenant faire de chez soi toutes sortes d’opérations qui exigeaient autrefois une présence au bureau. Les entreprises étaient cependant assez réticentes à laisser leurs employés profiter de cette facilité, faute de moyens de contrôler leur assiduité. Le Covid et les difficultés associées les ont souvent incitées à franchir le pas. Quelles sont maintenant les résultats de cette expérience ? C’est à cette question qu’a tenté de répondre François Dupuy, un disciple de Michel Crozier, au cours d’un interview pour le Nouvel Observateur dont nous rend compte Jean-Claude Angoulvant.

Selon François Dupuy, les enquêtes de terrain montrent que dans l’ensemble, les choses se sont plutôt bien passées : la productivité aurait augmenté, et les employés auraient été plutôt heureux de leur autonomie. Les grands perdants sont les bureaux en charge des « ressources humaines », dont le télétravail a révélé tout le formalisme inutile et les absurdités bureaucratiques.

Cela dit, si l’on voit bien comment faire du travail de bureau en télétravail, il est beaucoup plus difficile d’imaginer un éboueur ou un technicien de maintenance dans cette situation...

Le populisme

On a beaucoup parlé de « populisme » au cours des élections récentes dans beaucoup de pays du Monde, en particulier aux états Unis. Nicolas Baverez, un chroniqueur bien connu du Figaro vient de publier un livre à ce sujet, L’alerte démocratique, dont nous rend compte François Cornevin.

L’auteur part du constat que « la France va mal » pour craindre un basculement dans un régime « populiste », c’est à dire dans lequel tous les pouvoirs réels sont aux mains d’un seul homme ou d’un petit clan. Or, dit il, un tel système « ne fonctionne pas »... (Après tout, cela reste à prouver : la Chine a toutes les caractéristiques d’un régime « populiste » tel que décrit ici, et pourtant, elle semble très bien marcher... ).

Le remède proposé - faire une vraie nation européenne - est très probablement une bonne idée.. Mais comment s’y prendre ?

L’ère des nouveaux titans

Les nouveaux titans, ce sont les GAFAM : Google, Amazone, Facebook, Microsoft, etc.. , entreprises en effet gigantesques, présentes partout dans le monde et dans tous les foyers. Un livre de Charles Boué et François Roche fait l’objet d’un verbatim de François Cornevin. Comme souvent en pareil cas, le procès est conduit « à charge », tous ces méchants n’ayant d’autre objectif que de ruiner l’humanité, en profitant des taux d’intérêt ridiculement bas que l’on observe maintenant pour assurer le triomphe du capitalisme ....Et au lieu de s’opposer à un pareil projet,l’Humanité se laisse faire... attendant sans doute un nouveau déluge qui remettrait tout en place...

Il y a évidemment du vrai dans cette charge. Mais est-ce là tout ? La question mérite d’être posée....

La fabrique de l’obésité

Ce livre de Yves Leers fait l’objet d’un verbatim de François Cornevin : L’obésité est un fléau, une maladie qui en induit d’autres, et pourtant, se répand de plus en plus. Son origine se trouve toujours dans la « malbouffe » et les aliments transformés. Il n’y a pas d’autre remède que de « manger sain ». Mais comment ? le verbatim n’est pas très explicite sur ce point.... En vérité, les aliments « transformés » sont un élément du problème (ils plaisent ! ), mais pas le seul (on peut manger moins de tout, dissiper des calories par l’exercice, etc...).


Le bug humain

Dans la même veine que le précédent, ce verbatim proposé par François Cornevin résume le livre d’un spécialiste du cerveau, Sébastien Bohler. En fait, il va encore plus loin que le précédent, car il explique comment notre cerveau, par l’intermédiaire des « circuits de récompense », nous pousse à surconsommer, ce qui pourrait détruire la planèt. Il faut donc essayer d’ empêcher une pareille issue (c’est indubitable!) , ce qui passe par l’austérité (ce qui se discute!).

Ici encore, l’auteur de ces lignes est un peu sceptique. Il est vrai qu’il arrive à certaines populations animales ou même végétales de détruire, en le rendant inhabitable, le milieu dans lequel elles vivent..(le bacille de la peste, en me tuant, n’améliore pas sa situation propre!). En ce qui concerne homo sapiens, voici bientôt deux siècles que Thomas Robert Malthus , au terme d’une enquête très soigneuse incluant la Chine et les Amériques, expliquait à peu près la même chose, tout en se limitant à l’alimentation, dont l’offre ne pourrait jamais satisfaire la demande. Il envisageait des mesures drastiques pour éviter d’accroître encore la population mondiale. Aujourd’hui, nous sommes cinq à dix fois plus nombreux qu’alors, et nous croulons sous les excédents agricoles...La charge de S. Bohler reprend l’idée de Malthus, en l’élargissant à toutes les consommations... Aura-t-il raison plus que Malthus ?

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Tels sont, dans toute leur variété, les sujets qui ont intéressé Contrat Social au cours de cette période de confinement. Le Covid y tient une bonne place, mais pas exclusive, ce qui est probablement très sain, car il faut préparer le coup d’après...

En conclusion, il faut encore mentionner le N°10 des Cahiers de la Métamorphose , une publication initiée par notre ami Alain de Vulpian. Ce numéro 10 sera donc son testament intellectuel ! Il est entièrement consacré au Covid, présenté comme un étape (la première épidémie véritablement mondiale et « post-pastorienne ») vers une humanité plus solidaire et plus empathique. Il faut espérer que cette analyse est juste ! Ici encore, l’avenir le dira !


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